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Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL): un gaullisme d'extrême droite !

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Vous avez surement déjà vu dans Limoges, à la périphérie ou à ses abords ruraux, des affiches blanches dont l'écriture est bleue et dont le symbole est une croix de lorraine (symbole de la résistance ralliée au Général De Gaulle pendant l'Occupation). Se réclamant en effet du gaullisme, et affichant un héritage issu de la Résistance, l'image du MIL se fond dans le paysage limousin qui fut un des bastions de cette Résistance (à majorité communiste!). Pourtant ne nous y trompons pas, ces gaullistes ont une origine bien douteuse et leurs méthodes meurtrières passées sont bien plus proches des valeurs autoritaires dignes des régimes fascisants que d'une droite dite « républicaine ».

 

Le MIL se crée en 1981, il est le prolongement du SAC (« Service d'Action Civique »), lui-même issu du service d'ordre du Rassemblement Pour les Français (RPF).

Le RPF fut le parti fondé par le général De Gaulle en 1947 suite à la Libération, voulant aller au-delà du clivage « droite/gauche » et voulant réintégrer d'anciens collabos et vichystes à la vie politique du pays. Ce parti se veut être le rempart face à l'irrésistible montée du Parti Communiste Français et de la Confédération Générale du Travail. Son implantation au sein du monde du travail se fait dans la tradition du syndicalisme jaune, allié du patronat et proche du fascisme corporatif en général, avec la Confédération Française du Travail (CFT), puis la Confédération des Syndicats Libres (CSL). A la tête de la CFT, on retrouve Raymond Jacquet (un responsable du RPF), Robert Calmejane (député gaulliste), Henri Gorce Franklin (premier responsable du SAC) et Jean Bernasconi (député gaulliste). Le premier secrétaire est Jacques Simakis, dont le passé est tout aussi éclairant puisqu’il est issu du Parti Social Français d’avant guerre, un parti nationaliste issu des Croix de Feux. Les actions musclées de ce syndicalisme jaune au service du gaullisme se soldent par l'arrestation de membres de la CFT pendant les grèves de 77 pour avoir tiré sur le syndicaliste CGT Pierre Maître, qui meurt le lendemain à la suite de ses blessures. La CFT, entachée par cette affaire, devient la CSL (Confédération des Syndicats Libres). Dans le monde étudiant, cette tendance gaulliste extrémiste opère au sein de l'UNI puis aujourd'hui au MET. Mais revenons au RPF.

 

Le Service d'Ordre du RPF devient le Service d'Action Civique (SAC) en 1960 qui opère comme une police politique (beaucoup de ses membres sont de la police et de l'armée), voire comme un groupe paramilitaire au service de De Gaulle, menant des actions anti-communistes et anti-syndicalistes. L'intégration d'anciens collabos a été une réussite puisqu'on y retrouve Etienne Leandri, copain de Charles Pasqua mais surtout ancien gestapiste notoire qui s'est enfui en Allemagne puis en Italie après la Libération, proche du milieu mafieux et du grand banditisme, mais protégé par la CIA à la Libération pour son anti-communisme. La CIA sera d'ailleurs la vache à lait pour le SAC dans sa lutte contre « les rouges ».

Outre le fait que certains membres de cette organisation se firent remarquer lors de Mai 68 pour s'être déguisés en ambulanciers afin de ramasser les manifestants blessés et de les passer à tabac dans leur QG, la SAC connait de nombreux démêlés avec la justice pour des faits proches du banditisme : agressions en réunion avec usage d'armes, proxénétisme, trafic de drogues et d'armes, racket, incendies volontaires, etc...

Avec l'arrivée du socialiste Mitterrand au pouvoir, la tension est à son comble chez ces gaullistes radicaux, la paranoïa anti-rouge s'installe. En juillet 1981, Jacques Massié, flic de profession et chef du SAC à Marseille, est assassiné avec toute sa famille par ses propres hommes, qui le soupçonnent de vouloir les trahir au profit de la gauche... c'est « la Tuerie d'Auriol » qui fera grand bruit dans les médias. Avec le déchaînement de violence et l'implication politique de ces assassinats, le SAC est dissout en 1982.

 

Un peu plus d'un an plus tôt, le MIL était crée par les mêmes dirigeants et figures du SAC, un peu comme si avec toute cette violence et ces pratiques de voyous, ils connaissaient l'issue du SAC (dissolution tôt ou tard) et voulaient avoir une base de repli au moment venu. La présence de nombreux flics dans l'organisation a surement aidé à connaître l'état des dossiers pour une éventuelle dissolution... Forcé de se calmer sur la violence après l'affaire Massié, le MIL n'en demeure pas moins la continuité idéologique et physique du SAC, aussi radical dans sa propagande et dans ses idées. Il s'attaque particulièrement à la gauche et à l'islam, défendant un patriotisme ambigu (ça ne vous rappelle rien dans l'échiquier politique ?). Ainsi, au travers de son manifeste, de son bulletin d'information et de ses affiches, le MIL affirme que le marxisme est « une drogue qu'il faut traiter », la gauche « une maladie qu'il faut guérir », les cités « des zones de droit coranique qu'il faut assainir », et l'homosexualité un « danger » pour les enfants voir une « maladie mentale »... Un discours qui n'a doncn rien à envier au FN et aux autres fachos réacs. Pourtant, ce groupuscule au passé violent, voire criminel, est associé à l'UMP, chouchouté par des figures du parti de droite comme Xavier Bertrand qui s'exprime régulièrement dans leur journal ou encore Michèle Alliot-Marie et Jean François Coppé. L'organisation compte parmi son comité d'honneur Robert Pandraud (ancien ministre), Bernard Debré (député de Paris), Yves Guéna (ancien président du Conseil constitutionnel), Charles Pasqua (ancien ministre), Eric Raoult (député UMP de Seine-Saint-Denis, corapporteur de la « comission parlementaire sur la burqa »), et l'ancien maire de Paris, Jean Tiberi.

 

Ce qu'on n'ose dire à l'Assemblée Nationale, devant les médias, devant l'opinion, on le dit au sein du MIL et on se lâche ! Il semblerait donc que le MIL forme l'une des bases de repli de cette droite qui, derrière ses parures « convenables » et « démocratiques », soit bel et bien le mouvement réactionnaire de la classe des riches et de l'encadrement, prêt à passer à l'action musclée lors des moments opportuns, contre le progrès et la justice sociale.

 

Le Mouvement Initiative et Liberté (MIL): un gaullisme d'extrême droite !

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